Je ne suis donc pas la seule à m'étonner...8

Publié le par Claudine Jourdan Gérard

La Poste du Havre

La Poste du Havre

Grâce à Marc du Ryez qui nous indique dans son blog "affaire Quéméner Seznec " tous les liens des autres blogs concernant l'affaire,  je découvre celui de Catherine Clausse. 

 

Et je constate qu'elle a fait avant moi les mêmes observations que moi :

LE VOYAGE AU HAVRE
Dans leurs conclusions, les magistrats en 1996 affirment :"Qu'à 22h01 le rapide 502 partait de Plouaret pour conduire ses voyageurs à Saint-Brieuc, mais aussi à Paris, où il est arrivé le 13 juin à 7h15; qu'il suffisait alors à Seznec de se rendre de la Gare Montparnasse à la gare Saint-Lazare, ce que le métro permettait de faire en 13 minutes, pour y prendre à 8 heures le train du Havre, où De Hainaut et Legrand, qui sont montés à Rouen, l'ont vu, avant d'arriver au Havre à 12h52".
Nous démontrons le contraire. Pour faire ce parcours, un voyageur n'arrivera qu'après 8h au guichet de la gare St-Lazare. Il lui faut encore acheter son billet, ce qui n'est plus possible car les ventes s'arrêtent 5 minutes avant le départ du train. Les Magistrats se sont basés sur les 13 minutes de trajet métro, 13 minutes de ce qu'on appelle "marche-type théorique"sous réserve d'un arrêt sous tunel et ne tenant pas compte de l'affluence à cette heure, de la marche à pied dans les couloirs du métro, des achats et compostages des billets qui étaient manuels.
Idem pour le voyage de retour Le Havre/Paris vers Plouaret, le voyageur n'arrivera qu'après 17h.Savez-vous qu'il y avait un bon kilomètre à faire à pied du magasin Chenouard à la gare ?? Alors, même en admettant qu'il ne mette que deux ou trois minutes pour revenir de la poste où il y a déposé un télégramme et aller chez Chenouard, il a quand même attendu au moins 3 minutes (temps pour un professionnel des machines à écrire) pour changer le ruban (attestation de Chenouard) au moins 2 minutes pour emballer grossièrement la machine, ce qui fait en tout 7 minutes; il en serait sorti vers 16h42 plus environ 20 minutes pour arriver à la gare.Il est 17h passées et il doit faire la queue pour acheter son billet de train.. Mais c'est trop tard ! Et oui, et encore, il avait une machine sur l'épaule. Elle pèse 15 kgs. Sa démarche est ralentie et il s'est probalement arrêté en route, mais nous n'en avons pas tenu compte; nous avons pris un trajet piéton.Vous remarquerez également que sur ce trajet, seuls les témoignages de Chenouard et Cie sont pris en compte. 

Il fut un temps où je faisais souvent le voyage Saint-Brieuc-Le Havre. Je sais bien que les transports en commun d'aujourd'hui ne sont pas ce qu'ils étaient en 1923, mais je reste ébaubie par l'exploit sportif qu'a réalisé Seznec pendant ces deux jours. 

Et pour avoir fait moi-même le trajet gare de Plouaret/ Lann Vihan, à pied,  mais sans machine à écrire sur le dos je reste assez incrédule. Il m'a fallu trois quarts d'heure en marchant d'un bon pas. Les Jacob n'ont pas pu voir Seznec à la ferme avant 7h 30 ou 7h 45. Du coup c'est sûr que Me Bienvenue qui a témoigné aux Assises l'avoir reçu le 14 juin entre 8 et 9h à Saint-Brieuc, ou bien se trompe, ou bien le disculpe. La date du 13 juin à aussi été avancée par l'avocat. Catherine Clausse a cherché des preuves :

 

MAITRE BIENVENUE, témoin et alibi de la présence de Guillaume Seznec à Saint-Brieuc, le 13 juin 1923.

Cet avocat de Saint-Brieuc avait donné plusieurs dates de visites de Guillaume Seznec à son étude, dont celle du 13 juin 1923, de très bonne heure et fut très mal accueillie, car Me Bienvenue devait plaider dans cette même journée.Mais il finira par rétracter bizarement ses dires, argant qu'il n'était pas à Saint-Brieuc ce jour-là car présent au chevet de son beau-père malade...étrange !
Nous avons eu, cependant, la confirmation du Greffier du Tribunal de Commerce de Saint-Brieuc, que Me Bienvenue avait bien, ce jour-là, participé à l'audience du Tribunal de Commerce mais que la date n'apparait pas très bien sur la photocopie et qu'il intervenait dans une affaire Moro c/Dimier, rendue le 15 juin 1923.
Guillaume Seznec et Maitre Bienvenue se sont bien rencontrés ce matin-là du 13 juin 1923 à Saint-Brieuc.

document prouvant la présence de Me Bienvenue le 13 juin 23 à St.Brieuc

 

Toutefois dans son livre L'énigme Seznec Guy Penaud précise, p.83:

" Le chef de gare de Plouaret, Joseph Charlot, a précisé que ce même 12 juin 1923, il avait été délivré un billet 3ème classe, n° 22977,pace entière pour Le Havre "

Seznec n'aurait pas donc eu de temps à perdre à la gare Saint-Lazare pour acheter un billet. Mais du coup on s'étonne que Legrand et De Hainaut l'aient vu dans un compartiment de 2ème classe puisqu'il était en possession d'un billet de 3ème classe.

Publié dans La défense

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M
Bonjour,<br /> <br /> Le problème avec Catherine Clausse, c'est que, quand elle conclut "Guillaume Seznec et Maitre Bienvenue se sont bien rencontrés ce matin-là du 13 juin 1923 à Saint-Brieuc", c'est sans avoir réussi à rien démontrer (et en contradiction avec les dizaines d'autres éléments qui prouvent que Seznec était au Havre ce jour-là). La présence de Maître Bienvenue au Tribunal de Commerce de Saint-Brieuc le 13 juin 1923 ne prouve pas que Seznec l'a rencontré ce matin-là dans son bureau. Cela prouve seulement que ce n'était pas impossible côté Bienvenue (côté Seznec, c'est très problématique). S'ensuit la conviction de l'autrice à propos de cette rencontre, puisque son unique but est de tenter de prouver l'innocence du pauvre gars Seznec, en faisant fi de tout ce qui ne va pas dans son sens. Elle invente des minutages et des impossibilités concernant les changements de train à Paris, en prétendant que les juges n'ont compté que treize minutes pour ces changements (faux, car il ne s'agissait que du trajet en métro) et en ajoutant elle-même le temps d'acheter un billet dont Seznec n'avait visiblement pas besoin, et l'arrêt des ventes de billet cinq minutes avant le départ, qui ne concernait pas Seznec non plus. Ce type de démonstration n'a aucune valeur.<br /> <br /> Une personne a donc acheté un billet Plouaret-Le Havre de troisième classe le 12 juin 1923. Bizarre, le jour où Seznec était à Plouaret et la veille de l'achat au Havre par un sosie de Seznec de la machine à écrire qui a servi à taper les fausses promesses de vente réalisées par Seznec. Quant à la classe de ce billet, avez-vous déjà vu un compartiment de troisième classe ? Moi, oui, à l'étranger, en 1989 : bancs en bois, femmes voyageant avec des poules vivantes, familles nombreuses, etc. Il est possible que Seznec, pour le trajet Paris-Le Havre, n'ait pas trouvé de place en troisième et se soit rabattu sur la seconde, prêt à payer un surclassement, ou ait volontairement décidé de changer de classe en espérant qu'en cas de contrôle on ne lui demanderait que de changer de voiture, ou bien il n'y avait pas de troisième classe dans ce second train et il était autorisé à s'asseoir en seconde. Rien qui puisse créer une impossibilité.
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C
Oui...
M
Le témoignage de Guyomard, s'il est jugé fiable, élimine à la fois la théorie que je viens d'avancer mais également celle qui suppose un retour de Pierre Quéméner à Plourivo, puisqu'aucun des deux n'aurait eu les clés (Seznec ne pouvant logiquement les obtenir que dans les affaires de Quéméner). C'est pourquoi, dans votre scénario, vous avez besoin d'un Guyomard complice avançant l'argument des clés pour contredire l'histoire de Le Bolloc'h. Mais ce dernier a bien précisé que l'inconnu avait les clés. Si Le Bolloc'h a dit vrai (nécessaire dans votre théorie de Plourivo), Guyomard a menti, donc Quéméner avait les clés. Si Quéméner avait les clés, Seznec pouvait les avoir trouvées dans la valise, mais on ne voit plus la raison que Guyomard aurait eu de mentir, n'ayant pas été présent sur les lieux et n'ayant personne à protéger. Donc la présence de Seznec est peu probable, je vous le concède. D'autant que Le Bolloc'h se sentait incapable de décrire ou reconnaître l'individu, mais s'il s'était agi de Seznec, il se serait tout de même souvenu de son allure intimidante, et on se demande même pourquoi il lui aurait proposé de le conduire à Plourivo, dans une voiture où se trouvait également sa fiancée.<br /> <br /> Cela dit, il reste la possibilité que Guyomard se soit trompé et que Quéméner ait possédé les clés. Cette maison était sa propriété et même s'il avait confié un double à Guyomard (tout à fait normal), il n'avait aucun raison de dépendre du gardien pour y pénétrer. Il est possible que les deux ou trois fois précédentes il ait oublié ses clés et qu'il ait demandé à Guyomard de lui ouvrir, et celui-ci en aurait conclu que Quéméner n'avait pas les clés.
C
Et puis allez savoir ! S'il y a eu un accident à Plourivo...Allez savoir si le garde Guyomard ne l'aurait pas découvert et n'aurait pas pris le parti de ses "collègues employés " le régisseur et éventuellement l'ami exploitant le bois (Kerné).
C
Pourquoi pas. Sauf qu'il avait encore moins les clefs que Quéméneur !!!🙂
M
Le témoignage de Francis Le Bolloc'h est sujet à caution, et est contredit par celui du garde, M. Guyomard (voyez Bernez Rouz). Chez le romancier Denis Seznec (qui l'appelle Francis Bolloch, comme Denis Langlois dans ses deux livres), Le Bolloc'h dit : "Je m'en souviens bien, c'était le dernier dimanche de mai, quelques semaines avant mon mariage, qui a été célébré à Guingamp le 11 juillet." Son témoignage anonyme est rapporté par Hervé en 1931, je crois, puis ouvertement par Le Bolloc'h lui-même en 1948. Après tout ce temps, il est pratiquement certain qu'il n'a aucun autre point de repère pour son histoire à part son mariage, car c'est le seul qu'il donne, et il semble convaincu que c'était un dimanche. La date du 27 mai est certainement suggérée par Hervé comme la plus probable parce que cela correspond à son scénario de Plourivo.<br /> <br /> En oubliant que l'histoire racontée par Le Bolloc'h a été contredite par Guyomard pour la question des clés, on est en droit de penser, si on veut la croire, que les faits peuvent tout aussi bien avoir eu lieu le dimanche suivant, 3 juin, quand Seznec se serait rendu à Trégastel avec Julien Rams. Seznec pourrait (après Trégastel ou sans s'y être rendu) avoir pris le train pour Guingamp puis avoir cherché à louer une voiture avant d'accepter la proposition de Le Bolloc'h de le conduire à Plourivo (contre rétribution, admise par le témoin). Seznec prétendant être le propriétaire de Traou-Nez, cela n'aurait rien d'impossible ni de surprenant. Aurait-il eu l'intention d'y rencontrer Alphonse Kerné pour lui demander d'arrêter les coupes de bois car il allait être le nouveau propriétaire ?