Le vrai patron et le patron véritable

Publié le par Claudine Jourdan Gérard

 la photo de Pierre Quéméneur remise à la presse et dessin représentant Pierre Quéméneur en 1923
 la photo de Pierre Quéméneur remise à la presse et dessin représentant Pierre Quéméneur en 1923

la photo de Pierre Quéméneur remise à la presse et dessin représentant Pierre Quéméneur en 1923

L'ami du Peuple 3/11/ 1931.Source: blog affaire Seznec investigation

L'ami du Peuple 3/11/ 1931.Source: blog affaire Seznec investigation

"M.Louis Quemeneur, le frère du propriétaire et mon patron en réalité, puisque c'est lui qui dirige en maître Traou-Nez, y assistait".

Le vrai patron c'est Pierre mais en fait le véritable, c'est Louis.

Et Louis dirige Traou-Nez en maître. 

Alors lorsque le vrai veut vendre son bien...Le véritable....comment a-t-il réagi ?

Il savait Louis que son frère était parti à Paris pour une affaire de Cadillac. 

Il savait Louis que son frère cherchait à vendre Traou-Nez qu'il dirigeait en maître. 

Le 24 mai, il était donc à la noce au manoir de Traou-Nez. 

Serait-ce lui, le maître véritable que Francis Bolloch a transporté de Guingamp à Traou-Nez le dimanche 27 mai 1923 ?

Serait- ce lui qui aurait dit à son chauffeur qu'il allait donner des ordres à son garde ? Avec qui il faisait la noce le jeudi précédent ?

Était-ce lui qui allait faire arrêter les coupes de bois ?

Après tout c'est possible. 

Ce qui est étonnant c'est que cet homme qui habitait Plourivo se soit ainsi retrouvé à Guingamp. 

Spontanément,  c'est Pierre,  le frère qu'on verrait mieux dans ce rôle. 

Le vrai propriétaire. 

Mais le garde prétend qu'il n'avait pas les clés de son domaine. 

Celui qui les avait ce serait donc Louis,  le véritable maître de Traou-Nez. 

Je sens comme de l'eau dans le gaz entre les deux frangins. 

 

Louis était suspect pour le juge Hervé. 

Parce que les marins de la Marie-Ernestine ont entendu des coups de feu, une nuit,  à 2h du matin, au large de Traou-Nez. 

À quelle date ? Officiellement dans la nuit du 24 au 25 mai 1923.

Les experts es affaire Seznec ne sont pas tous d'accord sur le sujet...En tous cas Louis Quéméner a intenté un procès en diffamation contre ses accusateurs et l'a gagné. 

Si c'est le patron véritable que Francis Bolloch a transporté de Guingamp à Traou-Nez, il aurait été bien inspiré de le dire. Cela lui aurait évité d'être suspecté d'avoir occis le vrai patron !

Francis Bolloch a témoigné tardivement car, a-t-il expliqué *,  ayant appris par la presse que Pierre Quéméneur aurait été tué près de Houdan le 25 mai, il ne pouvait l'avoir eu dans son taxi le 27.

Refermons la piste de Plourivo revenons à des hypothèses plus solides. 

Déclaration de Francis Bolloch

(en page 160 du livre de Me Yves-Frédéric Jaffré) :

"C'était le dernier dimanche de mai 1923, je passais en auto avenue de la Gare à Guingamp, lorsque j'ai recontré un homme qui m'a demandé de le conduire à Traou-Nez en Plourivo. Bien que n'étant pas loueur d'autos, j'ai accepté. Une autre personne se trouvait dans ma voiture. Le voyageur s'installa sur le siège avant, près de moi et chemin faisant me parla d'un tas de choses. Je le trouvais loquace. Quéméneur paraît-il l'était beaucoup lors de sa disparition. Je me rappelle parfaitement l'avoir entendu me dire qu'il se rendait à Traou-Nez afin d'y donner des ordres pour qu'on n'y coupât plus d'arbres. J'en ai conclu que c'était lui le propriétaire. Mon impression devint certitude lorsqu'à Traou-Nez il me donna des détails sur la propriété et sur les ressources qu'on en retirait. Il me précisa notamment le nombre d'hectares de terres labourables dépendant de Traou-Nez. 

Ma course réglée, mon client improvisé est demeuré au manoir où, à notre arrivée, il n'y avait personne, ce qui ne le préoccupait pas puisqu'il ne m'en a rien dit. Je suis donc reparti avec l'autre personne qui m'accompagnait non sans avoir fait une agréable promenade sous bois. Il faisait déjà beau et nous avons cherché des champignons. C'est la seule fois où je me suis rendu à Traou-Nez, propriété de Quéméneur.

Lorsqu'en 1923, il fut tant question de la disparition de Pierre Quéméneur, je me suis rappelé, et la personne qui m'accompagnait elle aussi, notre voyage à Traou-Nez en compagnie d'un inconnu. Nous nous sommes souvenus que ce voyage se plaçait au dernier dimanche de mai, par conséquent le 27. Nous avons pensé que le voyageur pouvait être Quéméneur, mais comme on le donnait pour mort dès le 25 mai, assassiné par Seznec, ce ne pouvait être lui qui se promenait avec nous le dimanche 27 mai. Je me suis donc tu. Aujourd'hui qu'il résulte de vos révélations que Quéméneur a été assassiné non à Houdan, mais dans sa propriété de Traou-Nez en Plourivo, je viens vous confier mes souvenirs, désireux que je suis d'aider à la manifestation de la vérité."

 

En tous cas que soit le vrai patron ou le patron véritable, l'ordre allait être donné d'arrêter de couper du bois ce qui confirme l'intention qu'avait Pierre Quéméneur de vendre sa propriété dans les conditions exigées par les Seznec. 

Commentaire de Me Jaffré :

"Le voyageur se rendait à Traou-Nez afin d'y donner des ordres pour qu'on n'y coupât plus d'arbres. Justement, une clause de la promesse de vente de Plourivo interdisait tout abattage d'arbres"

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