Francis Bolloch ou Petit-Guillaume ?

Publié le par Claudine Jourdan Gérard

Francis Bolloch ou Petit-Guillaume ?

Francis Bolloch ou Petit-Guillaume ?

Les deux Monsieur Le Juge. 

Petit-Guillaume enfant a vu Pierre Quéméneur au sol à la suite d'une altercation avec sa mère. 

Il a été aussitôt exfiltré par Angèle. 

Il le dit lui-même : en grandissant il a interprété la scène comme la conséquence d'une agression sexuelle. 

Dans la solitude de son pensionnat il a cherché une explication à ce qui arrivait à son père, à sa famille. 

Il a reconstruit ses souvenirs. 

Pour lui d'ailleurs, le voyage à Paris de Pierre Quéméneur n'a jamais eu lieu. 

Lorsqu'il a compris que l'ami de ses parents était mort, il a rapproché cette annonce de la scène vécue quelques temps auparavant. 

Pendant toute sa vie il a cherché à comprendre. 

De son point de vue d'enfant ses parents étaient des gens riches.

Son père avait des tas de bagnoles. 

Quand il est rentré seul de son voyage à Paris, sans avoir pu vendre la Cadillac qui avait tout l'air d'avoir été sabotée par un garagiste rival de Quéméneur, son père

a eu très peur de ne jamais revoir les dollars remis à son associé. Et Petit-Guillaume l'a entendu. 

Au fil du temps il aurait ainsi bâti tout un scénario, en aurait fait son credo. Qu'il a transmis à ses fils...

 

En réalité qu'est-il arrivé à Pierre Quéméneur?

 

Soit il s'est rendu à Paris le samedi 26 mai,  a rencontré l'américain pour négocier seul son affaire,  est passé à la poste bd Malesherbes,  a croisé François Le Her dans son tramway,  est rentré en Bretagne,  est descendu dans un hôtel de Guingamp et le 27 s'est fait conduire à Traou-Nez par Francis Bolloch. Là il devait donner des ordres à son garde, François Guyomard,  et demander à Alphonse Kerné d'arrêter les coupes de bois*. Car de toutes façons il allait vendre Traou-Nez. 

Ça n'a pas plu à l'un ou l'autre des trois collaborateurs de Traou-Nez : le régisseur, le concessionnaire qui exploitait la forêt de Lancerf ou le garde. Ou aux trois, chauffés à blanc par des rivaux du Conseiller Général. 

Sur les trois l'un était capable de monter de A à Z l'épisode du Havre. Aidé incidemment par le ripoux qui voulait devenir vizir à la place du vizir et qui aurait achevé la falsification des documents. 

 

Soit Pierre Quéméneur a pris à Dreux le train pour la Bretagne dès le 25 mai au soir, en renonçant à l'affaire des Cadillac; il a été vu à Rennes par Me Danguy des Déserts le samedi 26 mai vers 14h, se serait ensuite rendu à Guingamp etc...

 

Ce qui reste toutefois le plus probable, c'est que tandis que Francis Bolloch ramenait de Guingamp Louis Quéméner, le régisseur de Traou-Nez, jusqu'au domaine, son frère Pierre  était vu bel et bien mort dans la maison familiale de Morlaix. 

 

 

"Le dossier d'instruction garde trace [...], d'un courrier du 28 janvier 1922 où Quéméneur se plaint d'être obligé de régler ses comptes avec Querné qui exploite le bois de Traou-Nez, alors que de Jaegher est absent "

B.Rouz, affaire Quéméneur Seznec, p.133

Pierre Quéméneur était en fortes relations d'affaires avec Querné et Dejaegher. 

Querné n'a été comptable de Dejaegher que de 1921 à 1923.

Lettre de Pierre Quéméneur du 28 janvier 1922. Documentation personnelle

Lettre de Pierre Quéméneur du 28 janvier 1922. Documentation personnelle

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Cette lettre fait référence à Querné, comptable de Dejaegher. Mais rien ne vient démentir que Kerné exploitait aussi une concession de bois de la forêt de Penhoat Lancerf. Plusieurs auteurs, dont Guy Penaud l'affirment. 

Un conflit d'intérêt ne fait pas un assassin, mais il est regrettable que la police n'ait pas cherché à explorer les relations d'affaires de Pierre Quéméneur avec Kerné 

Et B.Rouz, p. 135, 136 :

*Selon la fille Seznec, c’est lui qui faisait couper les pins de Traou-Nez pour en faire des étais de mine. A la fin de juin, Seznec reçut la visite de Querné : « Querné fut agressif sans raison apparente et mon père mit cette attitude sur le compte de l’affolement d’un homme qui, d’une part, craignait de ne pouvoir garder cette concession par suite de la vente de la propriété et qui, d’autre part venait d’être interrogé au sujet de la disparition du conseiller général auquel il devait de l’argent, disait-on. Il avait dû prouver par un certificat médical qu’il était malade à l’époque. Il accusait mon père avec violence et était allé jusqu’à prétendre que papa avait brûlé le disparu dans la chaudière de l’usine ! »

Mon Bagne 

Claude Sylvane

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