Trois événements synchros

Publié le par Claudine Jourdan Gérard

Archives Ouest-France

Archives Ouest-France

Dans l'épisode du voyage au Havre il y a trois événements synchros:

-Léon Jacob identifie Guillaume Seznec à Plouaret le 12 juin à cause de sa plaque sur sa camionnette.

-dans son livre " L'énigme Seznec" Guy Penaud écrit p.83:

" Le chef de gare de Plouaret, Joseph Charlot, a précisé que ce même 12 juin 1923, il avait été délivré un billet 3ème classe, n° 22977,pace entière pour Le Havre "

-Un télégramme est posté du Havre le 13 juin pour rassurer la famille de Pierre Quéméneur. 

Je laisse de côté le témoignage de Joseph Chenouard sujet à caution. *

Bien sûr Guillaume Seznec a pu garer sa voiture à Plouaret pour aller chercher une pièce mécanique à Saint-Brieuc. Mais il n'a pas pu le prouver. 

 N'importe quel quidam aurait pu acheter un billet pour le Havre à Plouaret le 12 juin. Plouaret était un important noeud ferroviaire breton.

Contrairement à ce qu'ont affirmé certains journalistes, Guillaume Seznec n'a pas été formellement identifié comme l'expéditeur du télégramme par M.Hue.

Mais l'expéditeur du télégramme savait que Pierre Quéméneur était mort. 

Qui, parmi les suspects, pouvait être capable de modifier le carnet de dépenses de Pierre Quéméneur trouvé dans sa valise ? Un proche parent ou un ami proche. 3 suspects : son frère, son ami Kerné,  son ami Seznec. 

Louis Quéméner, le frère, ne peut pas avoir posté le télégramme car il était à Paris avec Jean Pouliquen le 13 juin. 

Alphonse Kerné, l'ami, a prétendu qu'il n'était pas au Havre le 13 juin , mais il ne l'a pas prouvé. Alors que dans un premier temps,  Francine, la dame bretonne avait fait savoir qu'elle l'y a hébergé à cette date.

Un malheureux concours de circonstances aurait pu faire que le jour où Guillaume Seznec cherche à louer son camion, il tombe en panne à Plouaret, que ce même jour un voyageur achète un billet de chemin de fer pour le Havre,  et que le lendemain le véritable assassin ou complice se rende au Havre via Paris pour poster le télégramme. 

Comme Seznec était dans le collimateur de la police c'était bien plus simple de lui mettre sur le dos ces trois événements !

Honnêtement, je n'ai pas tant de mal que ça à remplacer Seznec par Kerné,  au Havre, dans ce scénario

Étant entendu que tout le monde a identifié le promeneur du Havre sur la base des photos de Seznec, diverses et variées,  publiées abondamment par la presse !

Pourtant, Kerné avec un chapeau sur la tête, ça le fait aussi !

Ah Si Francis Le Bolloc'h pouvait nous dire qui il a transporté de la gare de Guingamp jusqu'à Traou-Nez le dimanche 27 mai 1923!

 

 

Ouest-Eclair 6 Juillet 1923

Ouest-Eclair 6 Juillet 1923

Suite de l'article

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Curieux cette similitude de signatures entre le télégramme du Havre et celle de la lettre reçue par M.Ladam...Surtout quand on sait que quelqu'un s'est entraîné à imiter la signature de Pierre Quéméneur  sur un almanach des  blés retrouvé dans son bureau...

Ce qui démolit mon échaffaudage c'est que, d'après Ouest-Eclair un billet le Havre-Plouaret aurait été vendu le 13 juin. Difficile de dire que ce serait le fait de Kerné puisqu'il était à Paris le lendemain.Un autre quidam , pourquoi pas? 

C'est vrai, c'est plus simple de penser que c'est Seznec le voyageur du Havre.

Cela détruit l'hypothèse d'un meurtre à Plourivo. Mais pas le témoignage de Petit Guillaume.

Pour sauver ses dollars son père a dû faire des faux

 

Un point est pratiquement acquis : c'est Guillaume Seznec qui s'est rendu au Havre le 12 juin, qui y a posté un télégramme le 13. A-t-il accompli l'exploit sportif de récupérer à 16h 40 la machine qu'il aurait acheté chez Chenouard ,de rallier à temps la gare du Havre pour y acheter un billet pour Plouaret et d'attrapper au vol le train de 16h54. 14 minutes pour faire tout ça!!! et pourtant on dirait bien qu'il l'a fait!

Au fait ! Puisque M.Ladam a envoyé la lettre reçue à la sûreté, cette lettre a-t-elle été expertisée ? Cette écriture est-elle de Seznec ? Est-elle de Kerné ?

 

* Commentaire du blogueur Seznek :

 

 

 

"Arrêtons-nous un instant sur cette visite de Chenouard à  Joly. On nous dit que Chenouard, était en procédure avec un (ancien) employé commercial. A ce jour, rien de plus sur le sujet, strictement aucune précision d'où... le doute. Au point que je mets au défi quiconque d'apporter des éclaircissements sur la question. L'argument évoqué par Chenouard ne tient pas, des recherches effectuées aux Archives Départementales de Rouen se sont révélées vaines. Quelques semaines après l'entretien Chenouard/Joly, le tribunal de commerce du Havre accède à la demande de Chenouard de convertir son dépôt de bilan en liquidation judiciaire. Or, si litige il y avait, et surtout procédure engagée, le dossier de liquidation judiciaire comporterait obligatoirement des pièces s'y rapportant. En l'absence de tout témoignage, de tout élément concret, on peut légitimement penser que cette histoire de litige ne tient pas la route et que Chenouard se déplace chez le juge Joly pour un tout autre motif que celui invoqué. 

Alors, vous me direz, quel lien avec le juge Halléguen, voilà plus de dix ans qu'il a quitté les lieux ? Certes, mais la magistrature est une grande maison qui oeuvre derrière des portes capitonnées et qui a un esprit de corps non démenti à ce jour.

Soit Guillaume Seznec s'est déplacé au Havre, soit il s'agit d'un savant montage pour le piéger. La visite de Chenouard sur la base d'un motif inexistant,  sème le doute, D'autant qu'il semble plus naturel de s'entretenir de la chose avec un enquêteur ou un commissaire. "

 

 

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