Je me raconte l'histoire autrement...
C'est d'accord !
Celui qui s'y connaît en mécanique dans le binôme Quéméneur-Seznec, c'est Seznec.
Il est bien possible que ce soit lui qui ait repéré la petite annonce alléchante de l'américain qui cherchait des véhicules à revendre aux russes.
Jules Verlingue a expliqué que Pierre Quéméneur s'était rendu à Paris en Cadillac avec un gars de Morlaix au mois de février 1923.
Ce gars ce pouvait être Seznec. Ou tout aussi bien son ami Kerné.
Pierre Quéméneur s'est emballé pour cette affaire de Cadillac.
Il a dit avoir rencontré l'annonceur à Paris.
Pour la réalisation du projet il a besoin des compétences de Seznec. C'est ce qu'il a expliqué à son ami Julien Legrand.
Il lui a également dit que son partenaire mettait environ 40 000 fr dans l'affaire.
Marie Jeanne était au courant de ce projet. Elle a cédé ses dollars-or pour que l'affaire se fasse. Et avec les bénéfices on aurait acheté Traou-Nez. On aurait développé l'entreprise.
Pierre et Guillaume partent pour rencontrer l'américain le 26 mai à Paris.
La voiture donne des signes de faiblesse.
Les horaires de la soirée du 25 mai sont flous. À cause du passage à l'heure d'été. Et surtout parce que les témoins rencontrés par les deux hommes ont dû fouiller dans leurs souvenirs plus d'un mois après. Et de leur propre aveu, la police les a bien aidés à aiguiser leur mémoire!
Pierre et Guillaume se sont séparés dans la soirée.
Guillaume entreprend le retour à Morlaix à bord de la Cadillac.
Pierre a été aperçu...
...Le 26 mai.
Le 27 mai aussi.
Un amoureux s'est souvenu qu'avec sa belle, le dimanche 27 mai 1923, ils ont conduit depuis la gare de Guingamp jusqu'à Traou-Nez un homme qui ne pouvait être que le propriétaire du manoir.
Il se rendait dans sa propriété pour, leur a-t-il dit, arrêter les coupes de bois.
Tout laisse à penser que cet homme avait rendez-vous avec son ami Kerné et son frère Louis, le régisseur du domaine. Ce sont eux qui sont concernés par l'exploitation de la forêt du domaine.
Le garde a prétendu que ce ne pouvait être lui qui s'est fait conduire au manoir ce dimanche-là.
Il a donné comme argument que le propriétaire n'avait pas les clés de son manoir et qu'il ne pouvait y pénétrer sans les lui demander. Mais le garde était proche des employés du lieu. De Louis Quéméner, le régisseur, de Alphonse Kerné qui exploitait la forêt de la propriété.
Si les soupçons venaient à se porter sur eux il prendrait leur parti et chercherait à les couvrir.
Donc le garde à affirmé qu'il était impossible que Pierre Quéméneur soit rentré chez lui à Traou-Nez ce dimanche là.
Tandis que Louis accompagne son beau-frère à Paris pour alerter la Sûreté au sujet de la disparition inquiétante du Conseiller Général de Sizun, Kerné prend le train pour Paris. Se rend au Havre. Poste un télégramme pour rassurer la fratrie Quéméner, achète une machine à écrire et rentre à Paris chez sa mère. Les 14 et 15 mai il vaque à ses affaires. Le 16 un médecin lui rend visite. Puis il se hâte de refaire la promesse de vente contenue dans la valise avec la machine achetée, en ayant pris soin de se déguiser en Seznec, le 13 juin au Havre.
Le 20 il rapporte la valise de Pierre Quéméneur au Havre. Puis rentre à Paris et à Morlaix...Avec la machine à écrire qu'il cache à la scierie quand les choses commencent à mal tourner. La police s'intéresse à lui. Il faut détourner les soupçons sur Seznec.
La police saisit la machine, l'encre. Pierre Bonny emporte tout ça à Paris. La promesse de vente de la valise est un faux grossier. Depuis le 28 juin il a accès à l'exemplaire de Guillaume Seznec. Bonny veut faire tomber Seznec. Avec la même machine il retape l'exemplaire Seznec. Décolle le timbre original à la vapeur. Le recolle sur le faux document. Ni vu, ni connu.
Je sais ce que vous allez me dire !
Les Gadois père et fils, out vu le 13 juin au soir dans le Paris-Brest un homme chargé d'un gros paquet. Et cet homme là ne pouvait pas être Kerné, car le 14 juin, c'est prouvé, Kerné était à Paris.
Sur les centaines de passagers du Paris-Brest, un voyageur portait un gros paquet. Il n'était probablement pas le seul! Mais comme toute la presse a raconté l'histoire de la machine à écrire vendue ce jour-là au suspect de la photo nommé Seznec, les Gadois ont vu Seznec avec la machine à écrire emballée par mademoiselle Héranval...
On n'en sortira pas! Ça fait 100 ans que l'on répète ces faits...
Et puis Léon Jacob a vu le 14 juin au matin, Seznec - cette fois-ci on est sûr que c'est lui - revenir de la gare de Plouaret avec un gros paquet sur l'épaule. Un gros paquet emballé dans du papier gris jaune a-t-il expliqué à Frédéric Pottecher.
Bon! Sa mère l'a vu revenir de la direction de Morlaix et le commis Leroy n'a pas vu de paquet.
Il faut dire que le commis Leroy ne connaît que le breton et qu'il ne lit pas la presse!