Des preuves trop belles pour être crédibles.
Voilà donc l'invraisemble thèse de l'accusation.
Guillaume Seznec part vers 17h 30 de chez lui pour prendre, à 1/2 h de route, un train qui part à 22h!
Il prend à 8h du matin, à la gare Saint-Lazare, un train qui l'emmène au Havre à 12h52.
Il serait allé au Havre pour poster un télégramme. Notre voyageur qui est arrivé à midi 52 au Havre attend 16h 35 pour poster ce foutu télégramme ! Et encore il est pressé car le train du retour part à 16h 54!
Passons sur les détails !
Mademoiselle Nicolas l'a vu à Plouaret habillé en ouvrier et on le retrouve en deuxième classe dans l'express Paris le Havre en costume sombre et chapeau fendu. Quelle métamorphose !
Et Georges Legrand et Georges de Hainault le voient porteur d'une valise que n'ont signalée, ni Léon Jacob, ni Yvonne Nicolas. Ces deux là avaient pourtant le sens de l'observation !
Vous y croyez toujours vous à cet étonnant voyage au Havre ?
Quelqu'un d'autre qui se trouvait à Paris a pu prendre ce train de 8h.
Emporter la valise de Quéméneur qu'il a récupérée sur les lieux du crime. Acheter la machine chez Chenouard dont ses compagnons de voyage parlaient le matin dans son compartiment.
Il rentre chez sa mère à Paris, vaque à ses affaires les 14 et 15 juin, le 16 se fait porter pâle par le docteur Ducasse, fait quelque secrétariat sur sa machine à écrire, retourne au Havre où il a planqué la valise. Y glisse ses faux documents et l'abandonne quelque part. Quelqu'un va bien la retrouver !
Si la graphologie était une science exacte et si les graphologues qui ont examiné les faux étaient tous d'accord, l'affaire serait entendue : l'auteur des faux serait Seznec.
Mais la graphologie n'est pas une science exacte, les graphologues ne sont pas tous d'accord et si aujourd'hui on pouvait comparer ces faux avec l'écriture d'Alphonse Kerné on aurait peut-être des surprises !!!
Bien sûr tout cela n'est qu'une hypothèse, echaffaudée sur la base d'un fait :
Le dimanche 27 mai 1923, Francis Le Bolloc'h a transporté depuis la gare de Guingamp jusqu'à Traou-Nez un homme qui ne pouvait être que le propriétaire et qui lui a dit qu'il se rendait dans sa propriété pour faire arrêter les coupes de bois.
Judicieuse remarque du journaliste de la Dépêche de Brest du 8/7/1923 : " Depuis qu'on parle de la machine à écrire, elle( madame Seznec) aurait bien eu le temps de la faire disparaître !"