Variations en si majeur

Voici le dernier témoignage en date de la famille Jacob,  les  fermiers qui ont accepté de remiser la camionnette de Seznec dans leur champ entre le 12 et le 14 juin 1923 à Lann Vihan en Plouaret :

"Le 14 au matin, mon oncle l’a vu revenir de la direction du bourg quelque temps après le passage du train venant de Paris. Il se trouvait dans un champ en bordure de la grand route avant l’entrée du chemin conduisant à la ferme. A cette époque et même pendant quelques décennies les horaires des passages des trains étaient bien connus de la population pour qui ils servaient de repère dans leur journée. Seznec portait un paquet sur l’épaule qu’il n’avait plus en arrivant à la ferme. Mon oncle pensait qu’il l’avait déposé sur le talus pour le reprendre en partant. Seznec a démarré la voiture sans difficulté, sans même ouvrir le capot et a pris la direction de Plounérin pour rejoindre la nationale 12 en direction de Morlaix."

Voilà donc Seznec qui serait arrivé par la route de la gare au nord-est de la ferme,  qui aurait déposé sa machine à écrire sur un talus, serait arrivé à la ferme les mains vides puis serait reparti avec sa camionnette par la route de Morlaix direction sud-ouest. 

La machine à écrire serait donc restée sur le talus !

Le Petit Parisien du 1 Novembre 1924

Incident détaillé par Denis Langlois dans son livre "Pour en finir avec l'affaire Seznec" p.84

"Après le témoignage du valet de ferme Leroy qui diverge un peu dans sa version-il n'est pas sûr d'avoir vu le paquet-Seznec se dresse tout de même

 -Vous voyez bien que les témoins ne sont pas sûrs!

Enquête de Raoul Sabatier faite par le journaliste à Plouaret le 11 juillet 1923 et parue dans Le Journal du 12 juillet

Propos de Madame Jacob :

"Ce qui nous a davantage surpris c'est qu'il venait à pied du côté de Morlaix, comme il est arrivé en auto l'avant-veille."

Cette femme dit bien, le 11 juillet 1923, que Guillaume Seznec est arrivé à la ferme à pied, le 14 juin au matin, en venant de Morlaix. Pas de la gare. 

Si on ajoute à cela la lettre d'Henriette Sallé témoignant des regrets de Georges de Hainault d'avoir menti par complaisance à la demande de son grand ami Bonny, le témoignage du neveu de Mme Georges Legrand attestant que sa tante avait obtenu de Bonny un passe-droit en échange du témoignage de son époux contre Seznec on peut légitimement mettre en doute la réalité de ce voyage. 

Quelqu'un a posté un télégramme au Havre. Quelqu'un a déposé la valise de Quéméneur quelque part dans cette ville. 

Quant à la machine à écrire...

Admettons que le rapport du Commissaire Divisionnaire Camard prouve 32 ans après les faits que Seznec soit bien l'acteur de tous ces faits cela ne prouve pas le crime crapuleux, ni la préméditation .

La presse a fait de Guillaume Seznec un bouc émissaire que l'on a envoyé expier les méfaits de tous les profiteurs de guerre dans l'enfer de Cayenne. 

Si l'on s'en tient au témoignage de leur fils Guillaume Seznec et Marie-Jeanne son épouse ont mis au point un scénario pour ne pas avoir à rendre compte d'un homicide involontaire et pour tenter de récupérer les 50 000fr que, selon les dires de Pierre Quéméneur lui-même,  ils auraient investis dans l'affaire des Cadillac. 

Ce scénario consiste à faire croire que Pierre Quéméneur s'est rendu au Havre pour ses affaires et qu'il n'en est pas revenu. 

Quelqu'un a envoyé un télégramme le 13 juin du Havre à Jenny Quéméneur et a abandonné la valise du disparu aux alentours du port. 

Rien ne dit qu'il s'agit de Seznec lui-même. La famille de Petit-Guillaume fait de nombreuses allusions aux voyages faits par le chauffeur Samson. 

Contester le voyage de Guillaume Seznec au Havre n'équivaut pas à nier son implication dans la disparition de Quéméneur mais à dénoncer la façon de procéder de la police et, à l'instigation de ladite police, la campagne de presse anti-Seznec qui a exercé une véritable emprise par suggestion sur le public en général et les témoins en particulier.