Qui était Charly : un commanditaire ou un intermédiaire ?

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Le Champ de Mars

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Bernez Rouz,  p.183

L'employé de la Société bretonne de crédits, Gabriel Saleun, qui reçoit Quéméneur le 22 mai à Brest témoigne que le Conseiller général lui a dit être en relation avec " un ami de Paris qui occupe certainement une bonne situation en Amérique ". Seznec affirme également à Jean Pouliquen que le gouvernement américain avait chargé un agent de racheter les Cadillac pour les revendre aux soviétiques. 

Bertrand Patenaude nous apprend que la Tcheka, devenue la Guepeou en 1922, a fait le bras de fer avec Herbert Hoover pour racheter le parc de Cadillac que détenait l' American Relief Administration à Moscou.

Penser que le responsable du parc automobile de l'ARA Moscou, Kerney ait été chargé par le gouvernement américain de trouver des Cadillac en France pour satisfaire Dzerjinski est envisageable, mais peu probable. 

Par contre, qu'un employé de l'ARA, très au courant des négociations parce qu'il en est l'interprète, connu pour aimer l'argent facile, ait saisi l'aubaine pour monter une filière d'approvisionnement des soviets à partir des stocks américains restés en France est fort possible. 

Dans son livre, " Les archives du FBI ont parlé", Bertrand Vilain pointe du doigt Léon G.Turrou. 

Français par son père, parlant très bien le français, séjournant souvent à Paris, ce personnage est tellement évident qu'avec les quelques mots relatés par la presse " des Cadillac pour le ravitaillement des soviets " , j'avais moi-même tourné mon regard vers l'ARA. 

Turrou était-il Charly ? À mon avis Charly était son intermédiaire en France. 

Interview de Gherdi par le journaliste René Delpêche :

- Depuis 1926, j'ai été amené à m'expliquer à plusieurs reprises sur mes activités commerciales et sur les circonstances dans lesquelles j'ai connu M. Quémeneur.

- Et Charley, l'avez-vous connu ?

- Oui, je crois qu'il y avait un Américain de ce nom au Parc-Exposition de l'avenue de la Bourdonnais, habitué du "Tambour" ; en tout cas, ce n'est pas moi. Moi, je suis Guerli et je n'en sais pas plus.

Gherdi a prononcé Guerli tout en mâchonnant son cigare. C'est la seule chose qui m'ait frappé au cours de notre entretien qui ne devait rien apprendre que je connaisse déjà.

René Delpêche

Affaires classées

Les dires de Gherdi à René Delpêche sont confirmés par l'enquête du très controversé journaliste Claude Bal:

Dans l'énigme Seznec de Guy Penaud, page 245-246:

"Claude Bal s'était fondé, en la circonstance, sur les déclarations de plusieurs personnes:

-M. Stadelhoffer, qui fréquentait le parc des expositions,

-M. Talbot, employé du parc des expositions,

-M. Mareuil, qui était client du café "Le Tambour",

-Mme Berthe Masson, née Rallu, ancienne patronne de cet établissement.

Tous auraient affirmé y avoir rencontré ou fréquenté un certain Francis ou François Charley, dit l'Américain.

Qui est ce mystérieux François Charley?

L'intermédiaire?

Et, dans la Dépêche de Brest du 27 juin 1923 : 

"Les livraisons que nous devions faire, poursuit M. Seznec, comportaient des camions U.S.A. et des Cadillac. Il était entendu qu’un cautionnement de 10.000 francs devait être versé au moment de passer le marché. A cet effet, M. Quéméneur devait être présenté par Charly à l’un des personnages importants de l’affaire."

( Interview de G.Seznec par Charles Léger pour la Dépêche le 27 juin 1923)

En comparant ces deux assertions, celle de Gherdi qui a connu un américain nommé Francis Charley et celle de Seznec présentant Charly comme un intermédiaire avec quelqu'un de plus important, on peut conclure que dans cette affaire de Cadillac il y aurait eu un commanditaire. 

 

In "L'affaire Quéméneur-Seznec" de Bernez Rouz, p. 63-64

Déposition de Gabriel Saleun le 28 juin 1923 au sujet de sa dernière rencontre à la banque avec Pierre Qéméneur le 22 mai 23

"C'est pour traiter un marché d'automobiles américaines, camions ou autres, peu importe l'état, pourvu qu'elle puissent rouler d'un garage à l'autre. J'ai découvert cette affaire par des  annonces de journaux et me suis mis en relation avec un ami de Paris qui occupe certainement une bonne situation en Amérique. Il m'a montré des papiers qui donnent toute sécurité. J'ai autant confiance en lui qu'en moi. Je dois acheter au comptant ces voitures pour les rassembler dans un  garage pour les livrer ensuite dans un autre garage par série de dix où elles me sont payées immédiatement. Ces transactions doivent rapporter deux même trois fois le montant versé".

Le Gaulois 28/6/23

Le Gaulois 28/6/23

De cet article du Gaulois il ressort :

Que Pierre Quéméneur était bien prêt à remettre à son correspondant américain la somme de 10 000 francs pour avoir ce juteux marché, 

Qu'il devait trouver 10 voitures pour le 2 juin.

 

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