Le perroquet vert

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Le Perroquet vert était un hôtel de Saint Brieuc où Guillaume Seznec a prétendu avoir passé la nuit du 12 au 13 juin 1923, alors que l'accusation a prouvé qu'il se trouvait au Havre.

Au cours de son interrogatoire il ne se souvient pas du nom de l'Hôtel, mais se rappelle que de sa fenêtre il a vu un grand mur gris. Effectivement à 50 m de là, de l'autre côté de la place se dresse le pignon de la chapelle de la Providence : un haut mur, austère et gris sombre.

Il connaît l'endroit : c'est sûr!

Y était-il le 12 juin?

Des témoignages tardifs sembleraient le prouver. Entre autres, la secrétaire de l'Office départemental des Anciens Combattants de Saint Brieuc, Madame Marie Raoult, a confié à sa famille l'avoir reçu dans ses bureaux le 13 juin 1923 en début d'après-midi.

Et lui, que dit-il?

 

 

L'immeuble qui abritait l'hôtel Le Perroquet vert en 1923

L'immeuble qui abritait l'hôtel Le Perroquet vert en 1923

La chapelle de la Providence vue de l'hôtel, aujourd'hui.

La chapelle de la Providence vue de l'hôtel, aujourd'hui.

L'hôtel en 1923

L'hôtel en 1923

Sur le site officiel de Denis Langlois : le cahier secret de Guillaume Seznec et sa retranscription. la retranscription du ca

Sur le site officiel de Denis Langlois : le cahier secret de Guillaume Seznec et sa retranscription. la retranscription du ca

III

Quant à la journée du 13 juin je me trouvais à Brest et non au Havre ou je déclare et certifie n’avoir jamais mis les pieds, et certainement plusieurs à Brest pourraient fournir la preuve s’ils osaient ou s’ils se souvenaient. Je suis bien parti de Morlaix pour Treguier le 12 juin pour essayer de faire embaucher mon camion pour le transport de pommes de terre et, si j’ai abandonné ma voiture dans le verger de la veuve Jacob, ce n’est certainement pas avec l’idée de ne pas pouvoir me rendre à Plouaret avec, car il n’y a que descendre, mais je prévoyais qu’arriver sur plat en plein bourg que je reste en panne définitive avec une voiture non déclarée à la régie et dépourvue de carte grise et je n’étais pas sans le savoir que cela allait chercher très loin. J’aimais mieux m’arrêter à temps pour éviter toutes surprises et descendre à pied, croyant peut-être trouver le nécessaire pour une réparation sommaire. Je me suis occupé à trouver ce qui me fallait. Voilà pourquoi je suis allé directement chez un petit garagiste ou plutôt marchand de vélos à ce sujet où je n’ai pas trouvé ce qui me fallait et, comme je n’avais pas de train pour m’en retourner à Morlaix ce soir-là, j’ai trouvé plus prudent d’aller directement à St-Brieuc où je croyais être plus certain de trouver le nécessaire.

J’avais pris un aller et retour de Plouaret à St-Brieuc et s’ils avaient voulu faire les recherches à ce sujet, ils auraient bien trouvé la preuve dans cette ville. J’ai trouvé ce qui me fallait pour ma réparation et j’ai couché dans un hôtel il me semble aux environs du centre et j’ai dit qu’en allant sur les lieux je l’aurais sans doute reconnu, mais la justice s’est abstenue de crainte que je prouve que mes dires étaient véridiques. Quoique cependant pour des points moins importants j’ai été transféré sur les lieux.

Dans la nuit l’idée me vient que j’avais d’aller à Brest le 13, alors je prends l’omnibus qui se rend à Brest à 10 heures et dans cette ville je sais avoir tranché ce jour-là des affaires commerciales autres que celle de Métais qui vous affirme m’avoir vu entre la date du 10 et du 15 juin. Or je n’ai pu avoir été aucun autre jour. En plus il y aurait lieu de demander à Métais de voir son carnet de note, car je me trompe beaucoup s’il n’avait pas inscrit la date de notre rendez-vous sur son carnet. J’ai également dû percevoir quelques fonds ce jour, mais je ne me rappelle pas pour le moment avec qui.

Ce qui suit pourra encore prouver que je n’ai pas pu aller au Havre dans la journée du 13 juin, puisque le 14 les Jacob viennent préciser qu’au moment où l’express de Paris-Lannion passait j’étais chez elle. or j’étais déjà dans la ferme depuis un moment, vu que j’avais toutes mes réparations terminées prêt à partir et que c’est le seul train qui pouvait me ramener de Paris, puisque le rapide de Paris-Brest ne s’arrête pas dans cette localité, surtout que la veuve Jacob affirme qu’elle ne se trompait pas d’heure, qu’il était bien 7 heures, vu que le train de Lannion passait au moment où je me trouvais dans sa maison. Ce qui prouve encore en plus que les Gadois se sont trompés, d’ailleurs ils ne disent pas m’avoir reconnu formellement. Je vous ferais en outre remarquer qu’il faut au moins 1 heure ou 3/4 d’heure pour venir de la gare à cette ferme, surtout avec un colis du poids qu’ils prétendent, si même on peut faire le trajet avec. Je ne connais pas au juste son poids, mais il me semble un colis assez difficile à porter. Mais à cela moi je prétends avoir même quitté cette ferme bien avant 7 heures puisque j’étais à Morlaix à 8 heures et, si je suis allé en bicyclette ce jour prendre ma voiture, c’est de façon à arriver de bonne heure à Morlaix, toujours parce que ma voiture n’était pas déclarée ni munie de carte grise. Je n’ai donc pu aller au Havre le 13 juin puisque j’étais chez la veuve Jacob le 14 avant l’arrivée du train même à la gare de Plouaret. C’est également bien prouvé que j’étais bien avant midi à Morlaix, puisque j’ai eu la visite de Mr Le Gall huissier vers 10 heures.

Le 13 au soir j’ai couché chez moi dans la chambre à dormir, pour laquelle raison ma femme et la bonne qui n’avaient pas vu que j’avais passé la nuit se demandaient comment ce lit se trouvait démoli. Je les ai laissées sans leur donner aucune explication et vous remarquerez que, malgré le témoignage de Mr Bienvenue qui était en ma faveur, vu qu’il venait affirmer que j’étais chez lui le 14 à 8 heures du matin, ce qui venait prouver que j’étais obligé d’avoir quitté cette ferme à Plouaret avant 7 heures pour être à St-Brieuc à huit heures, j’ai fait tous mes efforts pour le combattre, car je voulais simplement faire connaître la vérité.

Mais ces affirmations ne sont pas corroborées par Léon Jacob, un jeune homme qui ne parle que breton et qui a accepté que Seznec gare sa voiture dans son verger.

Arrivé à la gare de Plouaret à 6h 43, Guillaume Seznec aurait regagné sa camionnette à la ferme Jacob vers 7h pour prendre la direction de Saint Brieuc où Me Bienvenüe dit l'avoir reçu vers 8h.

 Seznec aurait menti menti. Il est dans le déni absolu de ce voyage au Havre. Il en va du sauvetage des dollars-or de Marie-Jeanne. Et aussi éloigner d'elle tout soupçon d'homicide. Par ailleurs des témoins l'ont vu dans un commerce de cette ville Ce jour-là. Du 13 au 20 juin un autre morlaisien se trouvait au Havre : Alphonse Kerné. Simple coïncidence?

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